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Into the storm J-3

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Ils sont habillés de bleu, clair et marine, portent des harnais de buste multipoches, des espèces de boîtes à outil d’où ils extraient aussi bien des menottes qu’une clé universelle ou un tournevis - sur le côté, la petite pochette de l’arme automatique.  Ils sont jeunes, calmes et ratissent lentement le quai,  ouvrant les transformateurs électriques, les bornes d’assainissement d’eau, les plaques d’égouts, attentifs au moindre recoin où quelque chose pourrait être caché. Ils sont l’armée du pass-universel, 45 000 policiers et gendarmes, dont 2000 collaborateurs étrangers, chargés de sécuriser l’inauguration de ces jeux qui se déroulent dans le lieu le plus ouvert du monde : les berges de la Seine . Finis les coureurs matinaux ou les promeneurs de chiens à la retraite. Ces chiens-là sont des travailleurs, ce sont des chiens renifleurs. Debout dans la timonerie, je demande à celui-là, en béret noir, avec un très beau treillis noir à nuages bleu, le nom de son retriever blanc, il me regarde sans comprendre : «in englisch, please ». Collaboration  internationale. 

Hier en fin de journée, ma péniche, qui ne roule ni ne grince depuis mardi où la circulation sur la Seine est coupée -  cf le post « J-6 » -, s’est remise à bouger : répétition générale pour les 85 navires qui transporteront les délégations étrangères qui défilent , à vide et en silence, d’Austerlitz à Iéna. Je me suis précipitée sur la passerelle Léopold Senghor pour les admirer, Sans Souci, Odéon, Falstaff, Bateau Ivre, Espoir,  chaque navire a sa personnalité, et rien n'est plus digne et de plus cérémonieux qu’un navire glissant sur l’eau. Dans une Seine totalement nette de son charivari habituel où batobus, bateaux mouches, péniche de transport, yachts et embarcations de tout genre slaloment entre eux, le fleuve offre sa scène aquatique irisée et les navires, les uns après les autres, passent au son du ronflement de leur moteur, sous la passerelle, et réapparaissent  vers l’aval, s’éloignant majestueusement vers le pont Alexandre III et le grand palais, coiffé d’un soleil couchant d’apparition.


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