Un jour, un ami islais – de l’Ile-d’Yeu –, m’a mis ce livre entre les mains. « Tu devrais lire ça ! » me dit-il , « Libya free ». Mon regard tombe sur l’auteur « Dominique Rézeau », je retourne le livre et quelle n’est pas ma surprise de reconnaître, sur la quatrième de couv’, le bon curé de la paroisse de la Marsa près de Tunis, où j’ai vécu entre 2003 et 2005, le Père Dominique Rézeau ! « Ca alors !» m’exclamai-je. « Il est maintenant curé à l’île d’Yeu ! » me dit JP. Quel parcours ! Il fallait bien entendu que je lise ce livre signé, non pas « Père Dominique Rézeau », mais plus simplement « Dominique Rézeau ».
Et me voilà découvrant, page après page, le portrait d’une Libye vécue au jour le jour, du samedi 29 décembre 2012 au 13 juillet 2014, par un curé envoyé chez les vieux pères franciscains de Tripoli, qui se nourrissent de fromage rance et le pain dur. Difficile école pour le narrateur. Alors que la Libye toute entière est devenue un foyer d’attentats, que les milices armées de tous poils sillonnent la ville en brandissant leurs kalach’, la mission du père Rézeau est de dire des messes, organiser le plus possible de messes, messes francophones, messes anglophones , messes en tagalog, afin de soulager une population chrétienne, beaucoup de philippins qui travaillent dans la santé, des coptes dans le commerce, des subsahariens de tous poils qui n’ont vraiment que leur religion comme patrie. Malgré les interdictions de sortir, l’auteur s’impose une promenade par jour, au cours de laquelle il va à la rencontre, au gré de ses déambulations, de la population libyenne, amène et viveuse, pères et mères comme dans le monde entier qui promènent leur nourrisson, apprennent au petit à faire du vélo, balancent leur fillette sur un portique. Un témoignage poignant d’humanité, au cœur d’un monde violent.
« Libya free », dix-huit mois à Tripoli, de Dominique Réseau. Les Editions de la Régence. 2015.
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