Journal du coronavirus 12.
- theresefournier
- 27 mars 2020
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Vendredi 27 mars 2020. Le Covid 19 est un «casse tête chinois ». « Un jeu de patience et de logique qui se joue en solitaire ». Le premier casse-tête connu vient et Grèce et date du IIIème siècle. Ca n’est qu’en 1550 qu’il est fait mention d’un casse-tête créé en Chine. Le Covid 19 est un casse-tête chinois parceque les chiffres sont menteurs.
Le « comptage » est important – il donne la mesure de ce qui se passe, de la phase qu’on traverse – phase de croissance forte ou non. Si l’on se contente des chiffres publiés, on peut déjà se faire une idée de la réalité de l’épidémie. Pour la semaine du 23 au 27 mars 2020, les pays à forte croissance de cas restent les mêmes que la semaine précédente. + 20862 pour l’Italie, +26091 pour l’Espagne, +16 129 pour l’Allemagne, + 12898 pour la France, + 7768 pour l’Iran, avec un nouvel invité qui connait la plus forte augmentation, les Etats-Unis, avec 34 776 nouveaux cas.
En Chine cependant, l’augmentation de nouveaux cas est de 282, en Corée, de 280. Les chiffres sont importants. Ils nous donnent la vraie mesure de l’épidémie et nous indiquent les « modèles » : la Chine et la Corée, très clairement , ont jugulé la propagation. La Chine, avec une politique de confinement drastique et des mesures d’hygiène exceptionnelles. La Corée, avec une politique de dépistage systématique. La muraille de Chine réouvre. Certes, les masques sont encore de rigueur, et les contrôles de température fréquents. On peut sortir de la région du Hubei, avec certificat de non contamination. Voici donc la démonstration qu’on peut vaincre le Covid 19. Après… pour ceux qui sont en pleine accélération, comme nos pays d’Europe et les Etats-Unis, on ne peut s’empêcher de questionner les méthodes. Notons que la courbe de l’augmentation hebdomadaire des cas en Italie s’infléchit doucement. Ouf que ! Cette épidémie aura donc un début, et une fin.
Quant aux méthodes… on ne peut s’empêcher de penser aux méthodes françaises, et quoiqu’on fasse, notre cerveau vient et revient à la même problématique. Lorsque « Le Monde » daté du 13 février titre en « une » « Coronavirus : Très grave menace pour la planète, selon l’OMS » et y consacre pas moins de 5 articles, c’était un mois avant la mise en pratique du confinement. Qu’un journal comme «Le Monde » y consacre tant d’espace, nous laisse penser qu’en amont, institutions et Etats étaient largement mis au courant de la « menace » que représentait le Covid 19. Et que doit faire un Etat, en cas de menace avérée sur ses citoyens ? Eh bien cet Etat doit s’organiser. En cas d’épidémie, gels désinfectants, masques, tests… Or a situation que nous vivons en France, d’absence de ces trois éléments est glaçante. Que faisaient les autorités sanitaires de France début février ? Mais bon Dieu ! à quoi ils pensaient ? Qu’ont-ils fait ? Il sera urgent de le savoir, une fois que ce raz de marée de l’épidémie aura déferlé sur nous – fin avril - , et une fois que le lent reflux sera amorcé et que nous nous regarderons hébétés.
Nous vaincrons, oui, mais pas parceque l’Etat nous a protégé et aidé, mais parceque des milliers de volontés se seront unies, au risque de leur santé et de leur vies, pour faire régresser le virus. Les informations sont critiques : en Ile de France, on compte 7660 cas testés au PCR, plus de 600 membres du personnel soignant est malade, 241 Ehpad sont touchées sur toute la France et avant même le pic de l’épidémie, tous les lits de réanimation sont occupés. Pour avoir une image réelle de la situation, mettez en parallèle le nombre des morts et la méthodologie du pays concerné. Dans notre chère Europe, l’Allemagne compte 42 288 cas – avec 500 000 tests par semaine – et 222 morts. Le chiffre est donc fiable. Plus fiable sans doute que le chiffre français, 29155 cas – avec de 5000 à 29000 tests par jour – et 1696 morts.
Oui, nous nous en sortirons. Un jour viendra où nous regarderons en arrière en disant « on a réussi ». Mais ce jour-là aussi, nous demanderons des comptes et exigerons de connaître le moindre détail de ce fatal enchaînement.
Vous pouvez retrouver les chroniques 1 à 11 sur le blog de l’auteur et sur facebook.
Les illustrations sont de Juanjo Surace
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