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Journal du coronavirus 20.

Journal du coronavirus 20.

Mercredi 8 avril. « Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics, / Bancs publics, bancs publics, / En s’foutant pas mal du regard oblique / Des passants honnêtes ». Pour éviter que les amoureux ne se bécotent sur les bancs publics, le maire de Béziers a fait déboulonner 97 bancs publics. Quant à celui de Biarritz, il avait pris un arrêté pour limiter la « station assise » sur les bancs publics à 2 minutes. Il a finalement annulé le décret, reconnaissant que « nous avons des personnes âgées ou dépendantes qui souhaitent s’aérer une heure par jour, et qui n’ont pas l’autonomie pour rester debout pendant une heure ». Biarritz sera donc sauvé par son troisième âge… Attaque de fondamentalistes ? Victoire du puritanisme ? Cruauté gratuite ?

Rien de tout cela : seulement , « lutte contre un organisme vivant ». Quelle puissance, ce coronavirus-là ! Non seulement il met la planète à genoux, mais en plus il fait échec et mat à nos habitudes les plus naturelles ! Pourtant, celui qui a déjà contaminé plus d’1 million 400 000 personnes et tué 75 000, est caractérisé de « friendly » - mais s’il fréquente les bancs publics, c’est pour contaminer et peut-être tuer.

Alors « friendly » pourquoi ? Parcequ’en tant que virus, c’est un parasite - il a besoin de l’organisme qui l’héberge. Et au lieu d’être un parasite tueur – un parasite qui tuerait l’organisme qui l’accueille en se suicidant donc avec -, ce virus là, une fois qu’il a trouvé la porte d’entrée de nos cellules – et il est 400 fois plus petit que nos cellules -, s’installe avec bonheur dans l’organisme d’accueil et se reproduit en des milliards et des milliards de petits « virions » ou particules virales qui sont à leur tour émises dans l’air par l’éternuement, la toux, la parole, les cris et le chant – une parole – d’amour -, virale, un chant – viral. Oui, avec « corona », c’est possible ! C’est pour cela qu’il est «friendly » notre corona, c’est pourquoi déboulonner les bancs publics, peut sembler un acte excessif, mais pas tant que ça – cela nous signale que ce corona-là est particulièrement… « friendly » ?… on dira « insidieux », « dangereux ».

En tant que virus « aéroporté », il est plus « diffus », plus insaisissable, plus difficile à arrêter que le virus à vecteur porté – chikungunya, fièvre jaune -, transmis par un acarien piqueur -, ou que le virus à pathogène de contact – ebola, sida.

Etant donné que plus de 80% des formes du Covid 19 est légère – combien sont ceux qui l’ont développé chez eux, sans complication -, on se demanderait presque si on ne ferait pas mieux de tous l’avoir. Le problème c’est la diversité du vivant. Si on ne faisait rien contre lui , on accepterait de « sacrifier » une partie de la population. Sauf à faire comme en Suède où le principe de la distanciation est un principe dont chacun prend la responsabilité avec l’objectif clair de protéger les organismes les plus faibles. Si je fais partie des 80%, je développerais le Covid 19 comme une bonne grippe, mais le problème, c’est que l’effet contagion « produirait » des morts. Celui qui est atteint, et développe la forme bénigne – sans parler du porteur sain qui est la quadrature du cercle -, aura contaminé une foule d’autres organismes, à base de milliards de « virions » enchevêtrés, accrochés, lovés dans des parcelles humides issues de nos organismes, et dans cette foule d’autres organismes, la majorité développerait la forme bénigne (80,9%), mais un bon pourcentage développerait la forme maligne, celle qui a besoin d’assistance respiratoire et qui débouche, s’il n’y a pas de « respirateurs », sur la mort.

Question culturelle : si nous laissions le virus friendly se transmettre, à quelle situation arriverions-nous ? Nous n’aurions pas le matériel et la logistique pour traiter les 18,5 de cas critiques, et il se passerait comme en Équateur actuellement : les malades non pris en charge sont foudroyés dans la rue même et meurent sur le trottoir. C’est tellement pas dans notre culture, de tomber foudroyé dans la rue, de devoir brûler les corps dans la rue, cela, en temps de paix – ou alors, c’est la guerre, comparaison épouvantable, si l’on y pense, car dans le cas de la guerre c’est l’homme qui donne la mort -, c’est tellement pas dans notre culture que le president d’Equateur, Lenin Moreno, s’est excusé publiquement de la tragédie que vit son pays, dont l’incurie des autorités est responsable. A Guayaquil, lorsque l’odeur devient trop forte, on dépose ses morts dans la rue.


Retrouvez la chronique « journal du coronavirus 1 à 19 » sur facebook.


Les illustrations sont de Juanjo Surace

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