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  • Thérèse Fournier

Journaliste et Romantique

Connaissez vous Basile Lallemand ? Pas sûr, mais lisez «Un pas de danse  » de Pierre Vavasseur chez JCLattès, et vous aurez la curieuse sensation de l’avoir rencontré quelque part entre la comédie des Champs Elysées, Lip et la Closerie des Lilas. D’ailleurs Basile Lallemand adore aller boire du champagne à la Closerie. Tout un personnage du milieu culturel parisien, journaliste depuis longtemps, donc invité partout, sollicité, bichonné et partageant son temps entre projections et remises de prix…

Mais voilà, dans « Un pas de danse » Basile Lallemand n’en peut plus, lui, de la vieille école du journalisme il n’en peut plus de tout un système incarné par le rédacteur chef de « Tout voir », Florent Camus qui exhorte l’équipe de rédaction à aller placer des micros dans les toilettes de la Closerie (justement !) pour guetter les moindres soupirs de stars égarées, et qui paye lui même de sa poche un réseau d’informateurs sensés alimenter l’appétit insatiable de la presse à sensation. Basile Lallemand, ça, ça le fait gerber. Il est d’ailleurs un protégé de la vieille garde, incarné par la figure de Joseph Héraut, fondateur de « tout voir » et résistant de la première heure.

Alors, pour bien marqueri sa différence, Basile Lallemand décide de réaliser un « grand » sujet, pas tout à fait dans la ligne demandée par Camus : il part en Lozère, avec Elias Luisetto, le célèbre photo reporter – avouons le, lui aussi sur le retour -, pour rencontrer Corneille Vagabond, mystérieux ancien cheminot ayant commis ni plus ni moins qu’une biographie de René Char de 1500 pages. Son ami et admiré Morvan Glenn des éditions de Haute Mer, lui avoue même que le manuscrit lui est arrivé rédigé à la main, et à l’encre bleue ! « Tout voir » versus « tout dire sans rien voir »… voici Basile et Elias partis sur les routes de France à la recherche du singulier biographe.

Une occasion inestimable pour l’auteur de nous faire rentrer dans les arcanes physiques et psychologiques de Basile Lallemand.

Et c’est plus dans l’exploration de ce personnage haut en couleur que dans une dramaturgie dont on se débarrasse par petites ruades au cours de la narration que triomphe ce « pas de danse ». Dans l’attachement qu’on finit par éprouver pour ce personnage qui n’a pas franchement été servi par la vie, mère cruelle et égoïste, père microscopique, première épouse morte d’une leucémie… Ça donne un personnage un rien hypocondriaque à qui le médecin ne peut que répéter qu’il est en bonne santé, un être rongé par le remords d’être trop humain, dirigé par sa queue et par l’alcool, en recherche de poésie et d’amour délicat -il se dit « dernier romantique en ce monde » -, mais retombant toujours lourdement sur le plancher des vaches. En termes d’écriture « assez honnête » pour dire ce qu’il pense, assez « faiseur » pour trouver les formules, « suffisamment faux-cul » pour répondre parfaitement à la société du spectacle.

Le roman, dédicacé à Beckett et Char, s’organise en 27 chapitres ayant chacun sa dédicace, en la matière de quelques lignes en italiques décrivant une dystopie, un monde de demain anonyme et robotisé.

On s’attache au personnage, on sourit de la dramaturgie, on reconnaît une véritable appétence de Pierre Vavasseur pour la littérature et la poésie. Bref, la prochaine fois on veut plus de Basile Lallemand et pourquoi ne pas essayer la bourrée auvergnate ?

Un roman qui sonne juste. On attend le suivant.



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